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Les haies à l’honneur

Florent et Charlyne Lebrun accueillaient mardi une visite de présentation du projet Carbocage à Jallais

Depuis septembre 2020, un groupe d’agriculteurs des Mauges s’est engagé dans une démarche collective pour valoriser le stockage de carbone des haies gérées durablement. Cette démarche expérimentale a pour ambition de rémunérer les services environnementaux, c’est-à-dire des services que les exploitants agricoles rendent à l’environnement par leurs pratiques. Ici il s’agit de l’amélioration de la gestion des haies pour le stockage du carbone, la qualité de l’eau, la préservation de la biodiversité et le bien-être animal. Cette initiative s’est s’appuyée sur le Label Bas Carbone et a été menée en coopération par Mauges Communauté, l’antenne Mauges-Choletais de la Chambre d’Agriculture, Mission Bocage et le SMIB avec le soutien financier de l’Agence de l’Eau Loire Bretagne.

Le premier projet labellisé en France dans le cadre de la méthode « haies »

A l’issue expérimental de ce travail de plus de deux ans, quatre agriculteurs ont adhéré au dispositif, baptisé « CarbÔmauges », déclinaison locale du projet régional Carbocage. Leurs engagements cumulés portent sur plus 38 km de haies et devraient représenter une séquestration d’environ 370 t eq CO2 sur 5 ans. Ils ont signé début 2023 un premier contrat de 5 ans avec l’association Solenat, qui établit le lien avec les financeurs, et avec l’administration pour obtenir la labellisation des crédits carbone. Ils font donc partie du premier groupe de 11 exploitations (dont 5 en Sarthe et 2 en Mayenne) bénéficiant de la labellisation Bas Carbone dans le cadre de la méthode haies. Une satisfaction pour tous ceux qui ont contribué à la naissance de ce projet !

Anthony Ménard, nouveau président de Solenat, explique : « Notre objectif est d’accompagner les bonnes pratiques en les rémunérant. Ici, c’est une contribution carbone qui finance la gestion durable, sur un projet à haute qualité environnementale. Mais au-delà de la séquestration du carbone, c’est tous les bénéfices de la haie qui sont recherchés. Cela explique un prix de 100€/T, nettement plus cher que des projets carbone à l’étrange, ou la réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’atout de Carbocage, c’est aussi son ancrage territorial et la certification officielle apportée par l’Etat. »

Les plans de gestion durable ont été réalisés par la chambre d’agriculture, pour une période de 15 ans. Des mises à jour sont prévues tous les 5 ans, délai au bout duquel les agriculteurs pourront se réengager pour un nouveau contrat de 5 ans. Ils prévoient différentes opérations selon les objectifs des agriculteurs et l’état des haies : plantations, modification des méthodes de taille, regarnissage de haies anciennes, etc. Ils sont compatibles avec la production de bois énergie ou de bois d’œuvre.

Le projet du GAEC du Pé Grimault
Charlyne et Florent Lebrun élèvent des vaches Salers sur leur exploitation de 100 ha (majoritairement en prairies), avec de la vente de directe et un camping à la ferme. L’exploitation recense plus de 14 km de haies, dont 10 km de haies engagés dans le plan de gestion (linéaire de haie dont les exploitants ont la maitrise en termes d’intervention sur les 3 faces). 
« Nous nous sommes impliqués parce que nous sommes très sensibles à tous les intérêts des haies : agricoles, environnementaux et paysagers. Nous bénéficions de conseils concrets, c’est très intéressant pour mieux gérer les haies. J’espère que ce type de financement permettra de faire évoluer les pratiques chez de nombreux agriculteurs. Ce ne sont pas des espaces improductifs, au contraire! » témoigne l’éleveur. Les haies de l’exploitation sont principalement des taillis sous futaie et taillis simples, avec une dominante des chênes pédonculés, et aulnes glutineux. La plantation de 272m supplémentaires, et la régénération naturelle de nouvelles haies sur 236m sont prévues. La mise en œuvre du plan de gestion devrait permettre de séquestrer une quantité supplémentaire d’environ 98 t éq CO2 au bout des 5 ans. Cela représente une rémunération via les crédits carbone de 9 000€ sur 5 ans.

Des financeurs et une collectivité convaincus 

« C’est un projet en cohérence avec notre plan climat, qui prépare l’avenir en préservant le bocage, son potentiel économique et environnemental. C’est pour cela que nous le soutenons et encourageons les entreprises à y contribuer » résume Régis Lebrun, agriculteur et élu à Mauges Communauté. Des propos appuyés par Elise Bourmeau, directrice conseil chez Greenflex (cabinet de conseil aux entreprises pour leur stratégie développement durable). « Nous apportons une contribution carbone à ce projet CarbOmauges parce qu’il a plusieurs impacts positifs sur le climat, mais aussi sur la biodiversité. Il a aussi l’intérêt d’être un projet innovant, en émergence. Cette contribution vient en parallèle de nos travaux pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Et nous encourageons nos clients à en faire autant dans leurs entreprises pour des démarches développement durable qui ont du sens. »  Pour l’OFB, également financeur, « C’est important de soutenir ceux qui vont plus loin que ce qu’impose la règlementation. ». Aurélien Viau, directeur adjoint, précise « ce projet est cohérent avec nos missions de connaissance et protection de la biodiversité. C’est pourquoi nous avons choisi de le soutenir dans le cadre de la compensation carbone de notre université populaire sur la Loire. »

La dynamique engagée avec ce premier groupe se poursuit en 2023 : une quarantaine de nouvelles exploitations de la région sont en cours d’engagement, dont 6 dans les Mauges.

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Haies : des projets gagnant gagnant

Pour voir concrètement à quoi correspond un plan de gestion durable des haies, le conseil d’administration s’est réuni mardi sur la ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou. Laurence Deborde, du service arbre biodiversité de la chambre agriculture, a donc expliqué les méthodes et montré quelques exemples sur le terrain.

La première étape est un diagnostic précis de l’état de chaque haie sur le terrain, pour identifier les essences présentes, leur état, et les modes d’entretien actuels. Sur cette base, et en fonction des objectifs principaux de l’exploitation (bois énergie, effet brise vent, biodiversité, anti-érosion…), un plan de gestion sur 15 ans est ensuite réalisé. Il prévoit les opérations à réaliser par tranches de 5 ans sur chaque haie : exploitation de bois, taille, plantation, etc. A l’issue de ce travail, si l’agriculteur le souhaite, il peut s’engager dans un contrat Carbocage avec Solenat, qui permet de bénéficier de paiements de crédits carbone.

Ces démarches sont compatibles avec la valorisation des arbres en bois d’œuvre. Pour cela, le choix des essences et les méthodes de taille doivent être raisonnés à long terme (40 à 100 ans) pour obtenir des arbres de qualité optimale. Ce travail est la spécialité de l’entreprise Neosylva, qui accompagne les propriétaires dans la valorisation de leurs forêts pour le bois d’œuvre, et souhaite développer ce service également pour les haies bocagères. Son fondateur, Jean-Guénolé Cornet, était présent pour échanger d’un partenariat avec Solenat, de façon à proposer aux agriculteurs de combiner sur leurs haies une démarche carbone et la plantation d’arbres de haut jet, entretenus par Neosylva jusqu’à leur exploitation. Un projet va être conduit de manière expérimentale dans un premier temps pour tester le dispositif.

Des perspectives nouvelles de valorisation des haies, qui permettront de remettre au goût du jour cet adage, parfois oublié : « le bois, c’est une valeur sûre ! ».

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Labellisation du 1er projet Carbocage

Bonne nouvelle ! Nous venons d’obtenir la labellisation pour le premier projet collectif #labelBasCarbone déposé en France dans le cadre de la méthode #haies.
Les 11 exploitations impliquées dans ce projet Carbocage ont réalisé un plan de gestion durable des haies et commencé à mettre les itinéraires de gestion et plantations en 2022. Elles vont poursuivre pour 5 ans, renouvelable 2 fois.

Un grand merci à tous ceux, convaincus de l’intérêt des haies, qui ont contribué à ce travail !
– les agriculteurs pionniers dans ce domaine
– les conseillers bocage et experts
– les financeurs qui permettent que les agriculteurs perçoivent une rémunération au travers des crédits carbone 

Nous prévoyons de poursuivre avec environ 2 dépôts de demandes de labellisation par an, pour déployer le projet plus largement dans la région des Pays de la Loire.