Mardi 14 mars dernier se déroulait le 7ème forum Grand Ouest. Organisé par les Chambres d’Agriculture régionales de l’Ouest (Pays de la Loire, Bretagne et Normandie) sur les thèmes de l’agriculture, du climat et de l’énergie, ce forum se veut être force de proposition et de leviers d’actions locales pour répondre à ces enjeux mondiaux.
Dominique BOURG (philosophe, auteur et professeur honoraire à l’Université de Lausanne) a ouvert ce forum avec une intervention pour « Comprendre en quoi ce monde est fini pour en inventer un autre, vite ! ». S’en sont suivi deux parties sur le thème de l’atténuation du changement climatique : comment l’agriculture s’engage dans la voie du bas carbone ? puis sur l’énergie en agriculture, enjeu central des nouvelles politiques agricoles. Enfin un débat sur les stratégies bas carbone et énergies renouvelables animé par Jean-Louis Bertrand a conclu cette matinée. Présents autour de la table Christophe Sablé, Olivier Lebert et Laurent Lelore ont apporté leur témoignage sur ce point.
Pour Laurent, membre de Solenat, maintenir une productivité assez élevée tout en s’inscrivant dans une démarche bas carbone sur son exploitation en AB est une réalité : « J’ai réussi à conserver un niveau assez élevé de productivité tout en me basant sur la valorisation de l’herbe et en utilisant peu d’intrants. J’ai alors travaillé sur la génétique de mon troupeau et la qualité de mes fourrages pour que les animaux expriment pleinement leur potentiel ».
Les outils à disposition des agriculteurs pour décarboner leurs activités sont multiples. Les leviers d’actions concernent à la fois l’élevage et les productions végétales mais aussi la production et la consommation d’énergie. Sur son exploitation, Olivier Lebert utilise depuis plusieurs années certaines de ces pratiques : « Nous avons construit deux bâtiments en 2010 et 2014 sur lesquels nous avons installé des panneaux photovoltaïques. Nous nous servons aussi de nos haies pour produire du bois déchiqueté, ce qui permet de les entretenir. Personnellement, nous avons remplacé notre chaudière au fioul par une pompe à chaleur ». D’autres projets pour amener l’exploitation à l’autonomie énergétique sont en réflexion : « Nous réfléchissons à la construction d’une unité de méthanisation et d’une chaudière au bois. La construction d’un tracker solaire pour alimenter l’atelier de transformation des fromages est aussi en réflexion ».
La décarbonation des activités agricoles est aujourd’hui bien réelle. Chez Laurent Lelore, les émissions carbones ramenées à la quantité de lait produite sont d’environ 0.6 kg eq. CO2 / kg de lait. Dans les systèmes de production plus « traditionnels », l’empreinte carbone d’un kg de lait est d’environ 0.9 à 1 kg eq. CO2 / kg de lait. Dans un contexte ou les émissions de gaz à effet de serre doivent être drastiquement réduites, ces nouvelles pratiques permettent de répondre à cet enjeu et montre que l’agriculture possède encore bien des outils pour y parvenir.