Services environnementaux : redonner de la fierté aux agriculteurs et du sens à notre métier

Solenat a soufflé sa 1ère bougie à l’occasion de son Assemblée générale qui s’est tenue le 1er juin. L’occasion de dresser un bilan des chantiers ouverts, des premiers partenariats conclus et de réaffirmer lors d’une table ronde, l’ambition qui a présidé à la création de l’association : l’environnement nous rassemble.

« Par la place qu’elle occupe, l’agriculture est source de solutions pour répondre aux différents enjeux du territoire. » a introduit Michel Dauton, Président de Solenat. Et Anthony Ménard, Vice-président, de renchérir : « Agriculteurs, entreprises, collectivités, fondations : l’environnement est un sujet qui nous rassemble. »

Les projets de services environnementaux sont très divers. Mais Bertille Thareau, sociologue à l’École supérieure d’agricultures d’Angers, souligne que la haie est très souvent le premier service environnemental parce qu’elle fédère les agriculteurs, quels que soient leurs systèmes de production. La haie c’est aussi une grande diversité de services environnementaux : stockage de carbone, biodiversité, qualité de l’eau…

« L’environnement, nous sommes dedans au quotidien, en tant qu’agriculteurs. » souligne Clément Pineau, jeune agriculteur et administrateur de Solenat. Un constat à l’origine de la création d’autres associations telles que Symbiose dans la Marne. Hervé Lapie, qui en est l’initiateur il y a 10 ans et le président, témoigne : « Notre ambition était de bâtir, agriculteurs, viticulteurs, apiculteurs et chasseurs, quelque chose qui nous rassemble. » Et aujourd’hui « Les projets conduits par Symbiose redonnent du sens à notre métier et de la fierté aux agriculteurs. »

Solenat : trait d’union entre entreprises et agriculteurs

Mais ce sentiment de fierté se retrouve aussi du côté des entreprises partenaires. Edith Giffard, directrice générale déléguée de Giffard liqueurs et sirops, souligne que le lien direct entre l’entreprise et les agriculteurs suscite ce sentiment de fierté non seulement chez les salariés mais aussi chez les clients.

Mais qu’est-ce qui amène une entreprise à s’engager dans une démarche de partenariats avec des agriculteurs ? Pour Edith Giffard, c’est avant tout la volonté des dirigeants, qui doivent emmener les salariés avec eux. Ce sont aussi les clients : « De plus en plus de clients, en France et à l’international, choisissent leurs fournisseurs en fonction de leur politique RSE (responsabilité sociétale des entreprises). »

Interrogée sur la tentation que pourrait avoir certaines entreprises de faire du green washing, Edith Giffard répond clairement : « Il faut des choses vraies et des choses que l’on fait. » « On le fait avec beaucoup plus d’envie et de cœur que si cela venait d’une règle ou de l’administration. » Mais souligne qu’« en tant que chef d’entreprise, on n’a pas forcément le temps de chercher ce que l’on peut faire. » C’est tout l’intérêt de Solenat en Pays de la Loire : aller démarcher les chefs d’entreprise pour leur présenter l’éventail des possibilités. Solenat est le trait d’union entre les agriculteurs et les entreprises.

L’envie, c’est aussi vrai du côté des agriculteurs. Si aujourd’hui, les agriculteurs peuvent parfois être frileux, c’est que l’environnement est souvent synonyme de contraintes sans rémunération. Comme l’a souligné Hervé Lapie, « nous sommes encore au tout début de l’histoire des services environnementaux et il ne faut pas avoir peur de s’engager ». Et d’illustrer l’exemple de Symbiose : après 10 ans d’existence, Symbiose est en passe de concrétiser un projet visant à rémunérer les agriculteurs qui laisseront une bande de luzerne non fauchée pour nourrir les abeilles pendant la période de disette fin juin-début juillet.

Fédérer les bonnes volontés du territoire

De ces échanges, Michel Dauton retient la nécessite de donner du sens, de tenir un discours de vérité, d’être dans le concret. En cohérence et complémentarité  avec les actions déjà conduites dans le domaine de l’environnement notamment par les membres fondateurs de Solenat, il faut proposer aux agriculteurs de nouveaux mode de contractualisation qui s’articule autour d’un changement de paradigme, en passant d’une logique de compensation de manque à gagner à une véritable rémunération des services environnementaux rendus par les agriculteurs. « Et pour relever les défis qui sont devant nous, Solenat se veut ouverte, pour être la structure interface, qui mobilise et agrége les fonds de mécénats d’entreprises ligériennes et  et  qui assure la contractualisation de services environnementaux avec les agriculteurs  et ce en lien étroit  avec les organisations professionnelles et les acteurs du territoire. »

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