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Carbocage : les plantations sont faites !

Le projet Carbocage vise à encourager une gestion durable des haies permettant de stocker du carbone. Il rassemble des entreprises, des collectivités, des agriculteurs pour la valorisation du stockage du carbone à travers un marché carbone local. « Chaque secteur d’activité est émetteur de gaz à effet de serre (transport, résidentiel, industrie…). Au-delà des efforts de réduction, il est important de maintenir, voire d’augmenter le stock de carbone dans le sol et la biomasse. La solution étudiée dans Carbocage est de stocker le carbone par une gestion optimisée des haies », a expliqué Quentin Viéron, conseiller bocager à la Chambre d’agriculture. De son côté, l’association Solenat assure l’intermédiaire entre les entreprises et les agriculteurs pour faciliter la mise en relation et le suivi des projets.

Les haies, « longtemps une contrainte »
« Ce dispositif de compensation d’émission de carbone vise à améliorer les capacités de stockage de carbone à travers les haies. Les intérêts sont nombreux : résoudre les problèmes d’érosion, gérer l’eau et produire du bois, ralentir la circulation de l’eau et éviter ainsi les inondations… Pour les vaches, elles servent de brise-vent quand il fait froid et font de l’ombre quand elles ont chaud », a poursuivi Quentin Viéron.

Chez Christophe Bouvet, les haies sont justement déjà bien hautes… en attendant les nouvelles pousses. « En plantant, l’objectif est d’avoir, dans
15, 20 ou 30 ans, des haies suffisamment importantes pour stocker du carbone parce qu’à partir d’un moment, on arrive à une phase de saturation de la haie en matière de stockage. Pour cela, il faut avoir des agriculteurs convaincus. » En parlant d’agriculteur convaincu, Christophe Bouvet a donné son point de vue sur la question. « Les haies ont longtemps été considérées comme une contrainte. Je pense que les mentalités sont en train de changer et tant mieux. On commence à voir leur intérêt bénéfique. »

Les salariés observent la haie récemment plantée

Un contrat signé en 2020
L’entreprise mayennaise MB Pack, implantée au parc d’activités de Vaiges, est spécialisée dans les solutions d’emballages, de transport et d’hygiène
pour les métiers de bouche. Mercredi 29 juin, un groupe de salariés de MB Pack est venu visiter l’exploitation de Christophe Bouvet. Après un point sur l’activité de la société, l’équipe a visité une parcelle avec plantation de haie sur l’exploitation de Christophe Bouvet. Fin novembre 2020, MB Pack, cherchant à compenser les émissions de gaz à effet de serre de sa flotte de véhicules commerciaux par du stockage de carbone, signait un contrat avec le Gaec de Patricia et Christophe Bouvet, par l’intermédiaire de Solenat, dans le cadre du projet Carbocage. En s’engageant à maintenir et entretenir les 13 kilomètres de haies de leur exploitation selon le cahier des charges, les Bouvet reçoivent depuis la signature du contrat une contrepartie financière de 3 500 euros par an, et ce pendant cinq ans. Cette signature de contrat entre les deux parties fut d’ailleurs le premier partenariat officialisé par l’association Solenat, créée fin mai 2020 par des organismes agricoles des Pays de la Loire.

Auteur et crédit photos : Guillaume Murian, Agri53

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Pollinisateurs : 25 exploitations engagées

Un an après le lancement du projet pour les pollinisateurs, et à l’occasion de la journée mondiale des abeilles, Solenat a invité les premiers mécènes et la presse à voir une des premières parcelles semées.

Avec 25 exploitations engagées, pour près de 50 ha en contrats pendant 5 ans, l’initiative a bien démarré et va se poursuivre dans les prochains mois à la faveur de nouveaux partenariats en cours. Face au déclin des pollinisateurs, ce projet a pour but de fournir des ressources florales diversifiées, sur une longue période de l’année, pour alimenter une grande diversité d’insectes. C’est un des éléments nécessaire au développement de ces populations (bourdons, abeilles, syrphes, papillons), qui souffrent à certaines périodes d’un manque de nectar et pollen.

Nous sommes très satisfaits de cette initiative

Anthony Minguet, GAEC des Anges

Lin, lotier, luzerne, féverole, phacélie, trèfles, moutarde, sainfoin, tournesol, vesce, mélilot : la jachère mellifère semée début septembre par le GAEC des Anges, était en fleurs dès l’automne 2021, puis à nouveau de mars à début mai. D’ici quelques jours, les trèfles vont prendre le relai pour alimenter les insectes, qu’on voit butiner à la faveur du rayon de soleil. L’été prochain, une autre parcelle sera semée avec des couverts d’interculture qui fleuriront en fin d’été jusqu’aux premières gelées. Pour ces éleveurs de chèvres de Vendée, consacrer des surfaces à ces couverts est une démarche gagnant gagnant. « C’est bénéfique pour l’écosystème, et nous nous y retrouvons économiquement grâce à la rémunération versée par l’association ».

Un projet concret et local

Ce projet est financé par du mécénat d’entreprises régionales. Elles apprécient l’aspect concret, simple et local du projet. Il donne un sens à leur stratégie RSE, en particulier pour les collaborateurs, attachés à connaître ce que leur entreprise apporte au territoire.

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Services environnementaux : redonner de la fierté aux agriculteurs et du sens à notre métier

Solenat a soufflé sa 1ère bougie à l’occasion de son Assemblée générale qui s’est tenue le 1er juin. L’occasion de dresser un bilan des chantiers ouverts, des premiers partenariats conclus et de réaffirmer lors d’une table ronde, l’ambition qui a présidé à la création de l’association : l’environnement nous rassemble.

« Par la place qu’elle occupe, l’agriculture est source de solutions pour répondre aux différents enjeux du territoire. » a introduit Michel Dauton, Président de Solenat. Et Anthony Ménard, Vice-président, de renchérir : « Agriculteurs, entreprises, collectivités, fondations : l’environnement est un sujet qui nous rassemble. »

Les projets de services environnementaux sont très divers. Mais Bertille Thareau, sociologue à l’École supérieure d’agricultures d’Angers, souligne que la haie est très souvent le premier service environnemental parce qu’elle fédère les agriculteurs, quels que soient leurs systèmes de production. La haie c’est aussi une grande diversité de services environnementaux : stockage de carbone, biodiversité, qualité de l’eau…

« L’environnement, nous sommes dedans au quotidien, en tant qu’agriculteurs. » souligne Clément Pineau, jeune agriculteur et administrateur de Solenat. Un constat à l’origine de la création d’autres associations telles que Symbiose dans la Marne. Hervé Lapie, qui en est l’initiateur il y a 10 ans et le président, témoigne : « Notre ambition était de bâtir, agriculteurs, viticulteurs, apiculteurs et chasseurs, quelque chose qui nous rassemble. » Et aujourd’hui « Les projets conduits par Symbiose redonnent du sens à notre métier et de la fierté aux agriculteurs. »

Solenat : trait d’union entre entreprises et agriculteurs

Mais ce sentiment de fierté se retrouve aussi du côté des entreprises partenaires. Edith Giffard, directrice générale déléguée de Giffard liqueurs et sirops, souligne que le lien direct entre l’entreprise et les agriculteurs suscite ce sentiment de fierté non seulement chez les salariés mais aussi chez les clients.

Mais qu’est-ce qui amène une entreprise à s’engager dans une démarche de partenariats avec des agriculteurs ? Pour Edith Giffard, c’est avant tout la volonté des dirigeants, qui doivent emmener les salariés avec eux. Ce sont aussi les clients : « De plus en plus de clients, en France et à l’international, choisissent leurs fournisseurs en fonction de leur politique RSE (responsabilité sociétale des entreprises). »

Interrogée sur la tentation que pourrait avoir certaines entreprises de faire du green washing, Edith Giffard répond clairement : « Il faut des choses vraies et des choses que l’on fait. » « On le fait avec beaucoup plus d’envie et de cœur que si cela venait d’une règle ou de l’administration. » Mais souligne qu’« en tant que chef d’entreprise, on n’a pas forcément le temps de chercher ce que l’on peut faire. » C’est tout l’intérêt de Solenat en Pays de la Loire : aller démarcher les chefs d’entreprise pour leur présenter l’éventail des possibilités. Solenat est le trait d’union entre les agriculteurs et les entreprises.

L’envie, c’est aussi vrai du côté des agriculteurs. Si aujourd’hui, les agriculteurs peuvent parfois être frileux, c’est que l’environnement est souvent synonyme de contraintes sans rémunération. Comme l’a souligné Hervé Lapie, « nous sommes encore au tout début de l’histoire des services environnementaux et il ne faut pas avoir peur de s’engager ». Et d’illustrer l’exemple de Symbiose : après 10 ans d’existence, Symbiose est en passe de concrétiser un projet visant à rémunérer les agriculteurs qui laisseront une bande de luzerne non fauchée pour nourrir les abeilles pendant la période de disette fin juin-début juillet.

Fédérer les bonnes volontés du territoire

De ces échanges, Michel Dauton retient la nécessite de donner du sens, de tenir un discours de vérité, d’être dans le concret. En cohérence et complémentarité  avec les actions déjà conduites dans le domaine de l’environnement notamment par les membres fondateurs de Solenat, il faut proposer aux agriculteurs de nouveaux mode de contractualisation qui s’articule autour d’un changement de paradigme, en passant d’une logique de compensation de manque à gagner à une véritable rémunération des services environnementaux rendus par les agriculteurs. « Et pour relever les défis qui sont devant nous, Solenat se veut ouverte, pour être la structure interface, qui mobilise et agrége les fonds de mécénats d’entreprises ligériennes et  et  qui assure la contractualisation de services environnementaux avec les agriculteurs  et ce en lien étroit  avec les organisations professionnelles et les acteurs du territoire. »

Retrouvez la conférence et la table-ronde sur notre chaîne Youtube.